Peu avant mon arrivée au Québec en 2007, Hérouxville, une petite ville de 1300 habitants, est devenue en l'espace de quelques temps, le centre médiatique du Québec.
Son conseil municipal venait de rédiger un code de conduite à l'intention des immigrants définissant des comportements jugés acceptables. On y précisait que l'immolation par le feu, la lapidation et l'excision des femmes étaient formellement interdites. On y soulignait aussi qu’Halloween est le seul moment où l'on peut se voiler le visage. Et que l’arbre de Noël est une tradition Québécoise. Les enfants ne devaient pas porter d’armes.
Les citoyens ont tous applaudi à l’initiative de leur municipalité. ‘’ Si des gens de l’extérieur décident de venir s’établir chez nous, c’est à eux de s’accommoder, répètent-ils.’’
Il faut souligner qu’en fait d’immigrants, il n’y avait dans cette bonne ville d’ Hérouxville, qu’une famille d'origine dominicaine, un Français, un Américain et une famille de la Nouvelle-Écosse.
Cette initiative a déclenché une tempête dans la société Québécoise.
L'historien et sociologue Gérard Bouchard et l'auteur et philosophe Charles Taylor ont été choisi par le premier ministre Jean Charest pour présider une réflexion sur ce qu’on appelle les ‘’accommodements raisonnables’’, une commission de consultation sur les pratiques d'accommodement liées aux différences culturelles.
La commission Bouchard-Taylor a visité 17 villes dans les régions du Québec. Les citoyens ont été invités à s'exprimer lors de forums tenus en soirée.
Les consultations publiques ont servi à dresser un portrait des pratiques d'accommodement au Québec. Avec toutes ces informations en main, les coprésidents ont formulé des recommandations visant à harmoniser les pratiques Québécoises.
Le Christ et la femme adultère. Lucas Cranach.
Le premier ministre Charest avait promis que ces recommandations seraient ensuite débattues à l'Assemblée nationale. Le rapport de Gérard Bouchard et Charles Taylor a été déposé au printemps 2008.
Bon, au bout du compte, tout ce cirque n’a pas servi à grand-chose, sauf à exacerber les penchants les plus xénophobes de certains.
Mais voilà, coup de théâtre : l’instigateur de ce code de conduite, André Drouin, ancien conseiller municipal, vient de déclarer que ce n’était pour lui qu’une joke…
Par contre, le maire de la ville, M. Thompson persiste :
«Les gens ici étaient fiers de ce qu'ils avaient fait et il fallait respecter ça en conservant le document dans nos archives. Mais qu’André Drouin dise maintenant que ce document a été écrit alors qu'il riait aux larmes, c'est franchement leur manquer de respect».
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